Jules Rampal – Osteopath in Saigon, Vietnam

Quel est le sens ?, Journal of Osteopathy Mai 1900 – Traduction

Traduction par bibi de l’article What Sense?, de Herman F. Goetz, tiré du Journal of Osteopathy de Mai 1900. Cet article est une traduction uniquement, et non l’opinion du traducteur. Il peut-être intéressant de tenir compte du contexte de l’époque lors de la lecture.

Quel est le sens ?

Il semble qu’il soit courant, parmi de nombreux praticiens qui publient des documents destinés à expliquer l’ostéopathie, de faire référence au nom comme étant totalement inadéquat pour une compréhension claire de la science, de le considérer comme une dénomination erronée, ou de présenter d’autres excuses inutiles. Tellement de déclarations de cette nature sont faites qu’il doit sembler, même à ceux qui ne sont pas très intéressés par la question, que tous ces écrits sont des compilations, l’un copiant les affirmations de l’autre. Mais il est plus probable qu’ils pensent que tous les ostéopathes pensent de la même manière, du moins en ce qui concerne le nom de leur science.

D’un autre côté, pour ceux qui s’intéressent beaucoup à la question, il est connu que de tels écrits sont des compilations, réalisées négligemment et sans la considération nécessaire des conséquences de telles déclarations. Nous devons admettre que ces déclarations ne peuvent finalement être que nuisibles et sont faites avec l’objectif principal d’égarer, car elles occultent l’objectif réel de cette littérature, qui est d’instruire, d’enseigner et de fournir des informations. Est-ce que ces praticiens supposent que cet objectif est mieux atteint en faisant des aveux de faiblesse, en faisant des excuses, en fournissant des explications inutiles ?

Lorsqu’un écrivain fait une déclaration, il assume la responsabilité de cette déclaration, et c’est de lui et de lui seul que des explications peuvent être demandées. Malheureusement, dans ce cas, il force aussi d’autres personnes à fournir des explications, car elles considèrent son interprétation comme un verbiage redondant gravement dénué de pertinence, du point de vue de ces autres personnes. Nous sommes contraints d’assumer la responsabilité qui est la sienne et la sienne seule, et contraints de fournir des explications, ce qui est de sa prérogative et de la sienne seule, même lorsque nous ne partageons pas sa manière de penser et que nous considérons de telles déclarations comme une dénomination erronée, etc., comme une affirmation impardonnable de fait.

Citons un extrait d’une récente brochure descriptive de l’ostéopathie : “Ainsi, la science de l’ostéopathie, comme d’autres sciences véritables, a dépassé sa conception originale et est devenue plus large, plus spécifique, tout en devenant plus difficile à nommer.”

Il est à peine nécessaire de souligner que ces déclarations ne sont approuvées par aucun véritable ostéopathe, qu’elles ne contiennent pas une seule idée qui puisse être étayée. L’ostéopathie n’a pas dépassé sa conception originale, n’est pas devenue plus large, plus spécifique, ni plus difficile à nommer.

Les principes fondamentaux de l’ostéopathie tels que promulgués par leur fondateur sont aussi irrévocablement vrais aujourd’hui qu’ils l’étaient lors de leur première formulation. Leur concept original n’est pas devenu plus large, ils ne peuvent pas être dépassés. L’application clinique des méthodes ostéopathiques a évolué dans le sens où elles ont été appliquées numériquement à un plus grand nombre de cas, mais cela ne modifie en rien leur concept original, ni ne rend leur application plus spécifique. En ce qui concerne cette dernière affirmation, on peut ajouter que le traitement est devenu moins spécifique chez certains praticiens que par le passé, et il suffit de se référer aux écrits des praticiens plus âgés et plus expérimentés pour obtenir des preuves abondantes que leurs méthodes de traitement sont plus spécifiques dans de nombreux cas que les méthodes actuellement en vogue.

Le Dr. Still a conçu son “appareil de suspension” dans le seul but de favoriser la spécificité du traitement. L’idée d’administrer un prétendu traitement général en utilisant cet appareil est, pour le moins, peu pratique, voire impossible.

En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle la science deviendrait “plus difficile à nommer”, doit-on comprendre par là que, à mesure que la conception du nom devient plus étroitement liée à la pratique, nous devrions envisager la possibilité de choisir un nom plus approprié ? L’assertion “plus difficile à nommer” est si vague qu’elle devrait être rejetée et ne pas bénéficier du crédit habituellement accordé à un argument.

À première vue, cela ne nécessite aucune argumentation. Il est tout à fait impossible, essentiellement irréalisable, de même envisager l’idée de changer le nom de la science de l’ostéopathie, même si nous pouvions concevoir une justification pour accorder une réflexion passagère à cette question, ce qui n’est pas le cas. “Quel est le sens ?” donc de telles déclarations que celles qui sont données dans la citation ci-dessus ?

N’est-il pas temps de cesser de s’excuser soit pour le nom soit pour la dénomination ? L’expérience clinique de chaque praticien ostéopathique montre que dans la majorité des cas, la condition pathologique peut être attribuée à une perturbation de la relation osseuse, et que la majorité des cas sont soit soulagés, soit guéris en rétablissant la relation normale des parties de la structure osseuse. C’est un principe fondamental de l’ostéopathie. Quel sens, quelle base logique, y a-t-il alors pour se référer au nom comme à un mésusage ? Les principes fondamentaux sont raisonnablement définis par lui, dans ce cas, ils sont précisément définis par la dérivation du terme. Un seul mot ne peut pas définir explicitement ni expliquer pleinement la science.

Le nom représente les préceptes qui constituent la science, il représente le travail accompli, c’est-à-dire, il représente l’ensemble et les parties du système dans son intégralité.

En conclusion, je tiens à souligner que si, dans ce prétendu processus d’«élargissement», certains praticiens dans leur pratique, ou les instructeurs dans les collèges, font appel à des méthodes accessoires que nous savons avoir été utilisées avant même la formulation des principes ostéopathiques, ainsi qu’avant la démonstration clinique des principes ostéopathiques, que pour de telles additions appropriées, plagiées, et malvenues, l’ostéopathie elle-même ne peut pas, ne doit pas, être tenue responsable. Le gland ne peut pas plus donner le peuplier que ne peuvent une étude superficielle, des préjugés, des doutes, un raisonnement erroné, faire naître l’esprit pur qui caractérise le véritable ostéopathe. Et par ostéopathe, j’entends ostéopathe, pas ces altérations, ces oiseaux de proie, qui utilisent, recommandent ou enseignent les méthodes de l’ostéopathie, le massage, les médicaments, les gargarismes, les inhalations de vapeur, l’électricité et «que sais-je». Ces ne sont pas des ostéopathes, mais des individus qui sont restés dans une école d’ostéopathie juste assez longtemps pour acquérir la technique de quelques manipulations mécaniques, qui travaillent par cœur, qui traitent les symptômes quel que soit leur cause. Ces personnes sont les petites excroissances sur le corps de l’ostéopathie ; elles apparaissent et disparaissent, mais restent suffisamment longtemps pour susciter une inflammation locale.

Ce sont ceux qui doutent de l’originalité de l’ostéopathie, qui tentent en vain de démontrer la priorité d’autres systèmes, qui se réfèrent au nom comme à un terme inapproprié, qui ne parviennent pas à différencier les méthodes, la philosophie des autres systèmes de guérison, qui n’ont pas réussi à saisir les idées fondamentales qui guident les procédures ostéopathiques, qui ont totalement échoué à comprendre à la fois le sens et l’application des conceptions originales de l’ostéopathie.

Texte d’Herman F. Goetz dans Journal of Osteopathy 05/1900
Traduction par Jules Rampal

Traductions venant du même Journal of Osteopathy :
Indépendance
Cause
Juste assez


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4 responses to “Quel est le sens ?, Journal of Osteopathy Mai 1900 – Traduction”

  1. […] Traductions venant du même Journal of osteopathy :IndépendanceJuste assezQuel est le sens ? […]

  2. Manu avatar
    Manu

    Peux tu nous en dire plus sur cet “appareil de suspension “? J’ai du mal à voir à quoi cela réfère … C’est l’histoire des céphalée occipitale et du cordeau tendu sur lequel s’allonger pour la sieste ?
    Merci

    1. Jules avatar

      Et bien non je ne peux pas, car le texte dit juste ça. Soit c’est ce dont tu parles, soit il avait développé un outil qui permet une sorte de traction, ce qui lui permet de libérer une main et de venir travailler sur une zone. Quand on pense à ses techniques pour les vertèbres, il y a souvent une traction avec un point d’appui (toujours le même principe du levier et du fulcrum). D’ailleurs, dans les travaux de McConell ou de Burns, pour produire des lésions un opérateur tracte souvent la colonne pendant qu’un autre déplace la vertèbre. Le traitement étant techniquement similaire, mais en replaçant.

      Vu que Goetz semble dire que ça permet de favoriser la spécificité du traitement, je me suis imaginé cela. Mais je n’ai jamais entendu parlé d’un tel appareil. Peut-être que les gens du Museum of Osteopathy en savent plus ?

  3. […] Traductions venant du même Journal of osteopathy :Quel est le sens ? […]

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