Traduction par bibi de l’article Nature as Physician, par A.T. Still, dans le Journal of Osteopathy de Décembre 1897. Cet article est une traduction uniquement, et non l’opinion du traducteur. Il peut-être intéressant de tenir compte du contexte de l’époque lors de la lecture.
La nature comme médecin
Il n’y a probablement pas d’autre branche de la connaissance humaine pour laquelle la conception populaire est si vague que la science médicale. En théorie, les gens ne considèrent plus le médecin comme un homme doté d’une vision et d’un pouvoir surnaturels, mais en réalité, ils le regardent toujours sous cet angle. Ils l’appellent pour traiter un cas et s’attendent à ce qu’il voie d’un coup d’œil la nature de la maladie, sa cause et son remède. Ils lui font confiance pour préparer quelque composé mystérieux qui, par magie, opérera la transformation désirée dans le corps faible et malade. Quand il échoue, ils le blâment ; quand il réussit, ils le louent. Tout cela n’est que crédulité enfantine. L’homme est impuissant à effectuer une guérison. Il ne peut pas plus changer les tissus du corps humain qu’il ne peut ajouter une coudée à sa taille. Seule la nature guérit. Le maximum que le médecin le plus sage puisse faire est de garantir à ses patients des conditions physiques favorables aux processus de restauration de la nature.
C’est donc vers la nature que nous devons nous tourner pour le bienfait de la santé. Ses remèdes sont peu nombreux et simples, mais ils sont efficaces. L’un des premiers instruments qu’elle utilise est l’énergie autoguérisseuse du corps humain. Par cette merveilleuse disposition, elle effectue ses opérations chirurgicales, liant maintenant un os cassé dans des éclisses cartilagineuses et hâtant la formation d’os neuf à l’endroit, ou expulsant un corps étranger irritant par suppuration, ou enveloppant un corps étranger non irritant dans une membrane robuste, le rendant ainsi inoffensif. Par cette même disposition, elle envoie le médicament vitalisant dans le sang, chargé d’oxygène, vers toute partie malade ou blessée, pour détruire et brûler les déchets, et les remplacer par un tissu fort et neuf ; et par cette même disposition, elle renouvelle chaque jour les cellules du cerveau, stimulant une faculté à accomplir le travail d’une autre affaiblie. En bref, elle répare et rajeunit chaque partie du corps, égalisant les forces physiques et gardant allumée l’étincelle vitale. Pour accomplir ce travail surhumain, la nature a besoin de certains éléments fondamentaux. Le premier d’entre eux est une alimentation appropriée pour fournir du combustible au fourneau du corps et pour renouveler le sang avec les constituants de chaque organe,
La nature exige le sommeil. Ce n’est que lorsque le corps est détendu et que les fonctions sont suspendues que le travail de réparation peut réellement se poursuivre. Tout le monde connaît l’importance du “doux réparateur de la nature”, mais il y en a peu qui ne prennent pas des libertés avec cette prescription du vieux médecin sage, pour ensuite s’étonner de leurs nerfs affaiblis, de leur force déclinante et des ravages de la vieillesse. L’exercice est tout aussi essentiel. Il allume les feux qui brûlent les déchets du corps. Chaque contraction d’un muscle décompose les tissus et libère de la chaleur latente. Nombreux sont ceux qui, par simple manque d’exercice pour maintenir les feux du corps allumés, acquièrent une mauvaise santé, voire induisent une maladie.
L’eau est une autre des prescriptions de la nature qui n’est que très peu appréciée par l’humanité aveugle et insouciante. Les façons dont elle peut être utilisée pour l’avantage de la santé générale sont étonnamment nombreuses. En soi, c’est un tonique chargé de principes vitaux, et prise en grande quantité, elle est inestimable dans ses effets pour purger le système. Sa valeur dans le bain est également trop peu comprise. Non seulement elle est nécessaire à la ventilation adéquate de la peau, mais elle est aussi un merveilleux sédatif et a le pouvoir d’apaiser la fièvre et la douleur.
Le soleil est un autre élément indispensable dans la pharmacopée de la nature. Toute vigueur provient du soleil, et cela est aussi vrai dans le règne végétal que dans le règne animal. Il est scientifiquement établi que l’influence des rayons du soleil sur le système nerveux est nettement bénéfique. Il favorise également le développement des globules rouges du sang. Le soleil est, en outre, le plus redoutable ennemi de la contagion, et de nombreuses substances qui subiraient la putréfaction dans des endroits sombres et humides resteront fraîches et saines sous le toucher bienveillant du soleil. Un bain de soleil est le seul remède nécessaire dans certains troubles. Le principe vital de la prescription de la nature, cependant, est l’air. Il n’y a pas de poison aussi insidieux que l’air vicié, et il n’y a pas de tonique aussi revigorant que l’air pur. Il pénètre dans les poumons chargé de l’élément vital, l’oxygène, et élimine, comme un fidèle éboueur, les impuretés du système. Dans de nombreuses familles, la santé des membres est lentement mais sûrement ébranlée par la privation d’air, et le seul remède contre la variété d’affections scrofuleuses développées est une abondance d’air pur, doux et non contaminé.
En plus de ces éléments externes, la nature requiert un esprit léger. Un esprit sain est nécessaire à un corps sain. Ces faits ne sont que des axiomes connus de tout enfant à l’école. Toute l’humanité en est familière, et toute l’humanité les prend en considération. Si nous suivions les préceptes de la nature avec la même confiance absolue et la même fidélité religieuse avec lesquelles nous suivons les prescriptions superficielles des mortels fragiles, la plus grande partie des problèmes de santé et de maladies dans le monde seraient résolus de manière expéditive.
Texte d’A.T. Still dans Journal of Osteopathy 12/1897
Traduction par Jules Rampal
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