Jules Rampal – Osteopath in Saigon, Vietnam

Chapitre 7 – Travailler en Irlande quand on est ostéopathe

Face à la situation de l’ostéopathie en France, bon nombre d’ostéopathes se questionnent sur une reconversion. C’est LE sujet sur certains groupes Facebook en ce moment, et c’est bien légitime. Un petit tour sur le doctolib des confrères du coin indique clairement que les cabinets pleins sont devenus rares. Même les cabinets des vieux de la vieille qui ont 85 ans et ne veulent toujours pas lâcher le grisbi commencent à s’essoufler (les cabinets, pas les vieux).

Ajoutez à cela l’ambiance bien veillante qui reigne sur les réseaux sociaux, et il est facile de comprendre que certains pensent à devenir éleveurs de chèvres dans le Larzac. Bizarrement, presque personne n’ose franchir le pas, car pour critiquer les gens qui prennent l’avion, il y a du monde, mais pour renoncer à son confort de vie, la liste est aussi vide que la liste d’attente d’un cabinet d’ostéopathie sur la côte d’azur.

Une autre option est de partir à l’étranger. Et moi, comme je n’aime pas les chèvres, j’ai plusieurs fois opté pour cette option. D’ailleurs, je pars bientôt pour le Vietnam, mais c’est une autre histoire. Avant cela, j’ai fait la Malaisie, et l’Irlande. Et c’est de l’Irlande dont je vous parle dans cet article car, oui, j’ai eu la riche idée de commencer mon activité exactement le jour du confinement de 2020. Je sais, j’ai eu le nez creux. Certains ostéopathes pourraient être intéressés par cette destination sans savoir comment s’y prendre. Et certains pourraient ne pas y avoir pensé. Ce qui serait con, car comme nous, les irlandais n’aiment pas les anglais ! Et en plus ils nous ont presque pardonné la main de Thierry Henry du 18/11/2009. Edit : J’ai demandé à mon pote Paddy et ils ont toujours le seum.

Ostéopathie en Irlande

Bon déjà, je suis obligé de préciser quelque chose : il existe l’Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, et la République d’Irlande, qui fait partie de l’Europe.

Tout ce qui fait partie du Royaume-Uni, vous oubliez, ça dépend du GOsC, c’est à dire l’organisme qui est chargé d’empêcher les ostéopathes de travailler correctement de protéger la profession. C’est devenu presque impossible de faire reconnaître notre diplôme français au Royaume-Uni, sans parler de la difficulté d’obtenir un visa depuis le Brexit.

Donc ici, nous parlons de la République d’Irlande. Dublin en est la capitale, mais moi j’ai passé 1 an à Cavan, car c’était plus fun. Ce qui est drôle c’est que lorsque je croise des Irlandais, ils me demandent ce que je foutais là bas. D’ailleurs, même les gens de Cavan me le demandaient. Mais moi, j’étais là-bas pour travailler avec Lorraine Bennett. J’étais le Associate de Lorraine Bennett and Associate. Attention moment anecdote : les Cavanais prononcent le fameux “th” anglais comme un “t”. “Three” devient “Tree”, et pour nous français, ça rend les choses plus faciles.

Bon on se concentre Julot. La République d’Irlande donc. Peu de gens y pensent, et pourtant, ce pays offre de nombreux avantages.

• Ce n’est pas loin. C’est vrai ça, par rapport à la Malaisie, c’est la porte à côté. Et avec Ryanair, vous pouvez vous déplacer assez facilement.

La météo est top Si vous venez de Normandie, la météo n’est pas pire.

• C’est l’UE, ce qui veut dire que techniquement vous allez là bas et vous ouvrez une entreprise comme si vous étiez en France. Pas de visa à demander, et ça c’est cool.

Le nourriture irlandaise est excellente Ils ont de très bons restaurants indiens.

• Il y a peu d’ostéopathes. Quand j’y étais c’était autour de 300 ostéopathes pour une population de 5M d’habitants. En ratio, ça ferait l’équivalent d’environ 4000 ostéopathes en France. Certes, il y a des chiros, mais la différence de pratique est tellement importante que les gens font facilement la différence. Une petite blague au passage : Combien faut-il de chiros pour changer une ampoule ?
1 seul mais ça prend 45 séances !
(C’est là que je me dis que c’est bien que je ne sois pas à la tête d’un syndicat).

• Une des conséquences de cela, c’est que beaucoup de cabinets tournent bien et cherchent des assistants. Il est possible de gagner correctement sa vie dans ce pays, et de ce que j’ai vu, c’est beaucoup plus simple qu’en France à l’heure actuelle.

• Ils parlent anglais, et donc normalement si vous avez un peu bossé à l’école, vous devriez vous en sortir et pouvoir comprendre leur accent travailler.

Ostéopathie en Irlande : les démarches

Pour bosser en Irlande, la majorité des cabinets vous demanderont de vous enregistrer au OCI, the Osteopathic Council of Ireland. Ceci permet à vos patients d’obtenir un remboursement par leurs mutuelles. A l’époque l’inscription n’était pas légalement obligatoire, mais c’était une demande du cabinet où j’ai bossé et je n’ai jamais rencontré un ostéopathe qui n’y soit pas inscrit. En 2020, la cotisation était de l’ordre de 500€/an.

Pour s’inscrire, il faut justifier d’un certain nombre d’heures d’études, ce qui ne pose, en général, pas de problème pour les français car nous sommes sans doute le pays au monde qui a le plus d’heure d’enseignement (hey, ça prend du temps d’apprendre tous les axes de mobilité du palatin !).

Il faut également justifier d’une assurance professionnelle, qui était de l’ordre de 500€/an lorsque j’y étais. Ce chiffre a pu flamber suite au Brexit (mais quelle idée de donner le droit de vote aux gens aussi !).

Cela signifie que pour pouvoir bosser il faut déjà investir 1000€. Ce n’est pas rien et du coup je ne pense pas qu’il soit possible de n’y aller que pour 3 mois car ça ne serait pas rentable.

Il faut évidemment ouvrir une entreprise individuelle (sole trader), comme en France. La majorité des jobs en ostéo se passent comme dans l’Hexagone, c’est à dire que vous rétrocédez une partie de vos honoraires. Je vous conseille de prendre un comptable pour vous aider à créer votre entreprise.

Une fois que vous avez un job, une entreprise et que vous êtes membre du OCI, dont le certificat est ultra stylé d’ailleurs, vous êtes bons pour faire du CV4 à tout va et traiter les problèmes de genoux en équilibrant la rotation externe du temporal. Je déconne, vous n’êtes pas prêt du tout, j’ai encore des trucs à vous dire.

Ostéopathie en irlande : Trouver un boulot

Bon vous avez peut-être noté que je ne vous parle que de bosser comme assistant. Si vous êtes vraiment chauds, vous pouvez créer votre cabinet. Mais je n’ai pas tenté l’aventure, j’ai préféré la jouer safe et trouver un cabinet avec des patients pour pouvoir bosser immédiatement.

Mon premier conseil c’est de demander à être ajouté à la newsletter du OCI. Vous y trouverez des annonces venant d’un peu partout en Irlande.

Lorsque vous avez selectionné un emploi, préparez votre CV. N’oubliez pas, l’Irlande ce n’est pas la France, et il faut adapter notre CV. De plus, perfectionnez votre anglais avant d’aller en Irlande. Vous rigoleriez si un irlandais vous contactait pour bosser avec vous en vous disant qu’il ne parle pas français mais qu’il va apprendre sur place avec les patients.

Faites attention à la rétrocession, car 30% n’est pas le standard en Irlande. On m’a proposé jusqu’à 60% de rétrocession (Oui oui, 80 patients par semaine, 60% pour l’ostéo qui partait bosser en Thaïlande pendant ce temps là hahaha je chiale). Calculez bien combien il vous faut pour vivre car certaines villes comme Dublin sont vraiment très chères. De plus, n’oubliez pas que parfois payer 40 ou 50% de rétrocession ça peut valoir la peine selon ce qui est compris dans le package. Par exemple, si vous avez beaucoup de patients, si l’ostéopathe vous forme, s’occupe de la communication, s’il y a des secrétaires, si vous avez pas mal de liberté, si c’est votre rêve, si c’est temporaire…Si vous y êtes pour la gastronomie, faites vous soigner, même à 10% de rétrocession.

Faites aussi attention au type d’ostéopathie pratiquée en Irlande. La majorité des ostéopathes sont formés en Angleterre, et ils ont souvent une approche très structurelle avec des séances beaucoup moins longues qu’en France. Il faut bien regarder cela et voir si ça colle avec vos compétences.

Ostéopathe en Irlande : autres éléments à prendre en compte et que j’ai la flemme de classer en paragraphe alors je jette tout en vrac ici

Quelques points qui me reviennent. Si vous n’êtes pas en ville, il vous faudra une voiture. Et la voiture en Irlande, ça coute un bras. Surtout l’assurance ! Donc il vous faudra débarquer avec des belins pour pouvoir gérer cet aspect.

Pour certains, vivre et travailler en Nouvelle Zélande est un rêve. Si vous vous êtes renseignés, pour y bosser il faut aussi faire reconnaitre notre diplôme, et il faut passer un examen d’anglais. MAIS, il est possible d’être dispensé de l’examen d’anglais si vous avez bossé avec des “native speakers”. Et oui, il faut savoir lire entre les lignes. Donc bosser en Irlande peut être une bonne idée pour quelqu’un qui rêve de bouger de manière stable en NZ. Et après quelques années en NZ, il est sans doute toujours possible d’obtenir l’équivalence avec l’Australie. Mais chut, c’est un secret.

De mon côté, l’expérience a été plutôt bonne. J’ai bien travaillé, les gens étaient vraiment cool à Cavan. Enfin je crois car en vrai je ne comprenais pas trop ce qu’ils disaient ! Et là vous vous dites que c’est une blague, mais il m’est arrivé 2 fois où un patient m’a expliqué pourquoi il venait et je n’ai pas pu écrire un seul mot sur ma fiche. Ce qui était drôle c’est qu’il m’a dit que j’avais un accent incompréhensible. Please bro.

Aussi, un détail, mais l’Irlande est magnifique.

J’ai pêché un poisson grand comme ça (je suis de Marseille)

Voilà, je pense que c’est tout. Si vous avez des questions, vous pouvez me trouver sur Instagram. Et n’oubliez pas que sur mon site il y a quelques traductions d’articles de Still que même Pierre Tricot n’a pas traduit. Je sais, ça biche.

Bisous
Jules


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